Mardi 22 mai 2007
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VINIFICATION.
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Xavier Copel développe depuis la Gironde un concept original de
vinifications ciblées dans une dizaine de propriétés du Grand Sud-Ouest
Des cuvées sans les vignes
: César Compadre
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Xavier Copel.
La gamme Primo Palatum, c'est une quinzaine de cuvées à des prix
s'échelonnant de 4 à 45 euros la bouteille
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CLAUDE PETIT |
« Le cépage
malbec de Cahors peut rivaliser avec les plus grands cabernets sauvignons de
Pauillac. Les mansengs de Jurançon peuvent donner des blancs magnifiques.
Dompté, le tannat de Madiran a un énorme potentiel. Je veux explorer les
cépages autochtones, sur leurs terroirs les plus expressifs, et ce, de
l'Atlantique à la Méditerranée. Mes vins jettent un pont entre Bordeaux et
Perpignan. Il y a là une unité. C'est vrai que je suis parfois un peu
absolutiste avec des prises de risques maximales. »
Xavier Copel,
39 ans, est un professionnel atypique dans le paysage viticole. Il a même
investi un créneau unique : achetant des raisins à des vignerons partenaires
sur des parcelles sélectionnées, il les vinifie lui-même et les élève sur
place. En bout de processus, il propose sur le marché une gamme de vins
dénommée Primo Palatum (le goût avant tout, en latin).
L'homme se définit lui-même comme « œnologue, négociant-éleveur ».
Une sorte de producteur sans les vignes. Dans sa grande maison de Pondaurat,
dans le Sud-Gironde, il travaille en solitaire avec son épouse. « Je suis
hors système. Ce métier demande beaucoup d'énergie, de kilomètres parcourus
et de disponibilité. Je dois rester concentré », ajoute ce natif de Cahors.
Et le travail commence à payer : Xavier Copel est devenu un des œnologues
les plus en vue de sa génération. La gamme Primo Palatum compte une
quinzaine de cuvées élaborées à Cahors, dans les Graves, en Sauternais, à
Madiran, dans le Jurançonnais, dans le Minervois, à Limoux, en Vin de pays
d'Oc ou en Côtes de Gascogne. Avec des prix s'échelonnant de 4 à 45 euros la
bouteille. Et le Bergeracois ? « Ce sont les mêmes cépages qu'en
Bordelais... »
La difficile image du négoce.
Rien ne
prédisposait Xavier Copel à épouser les métiers du vin. C'est en feuilletant
avec un ami un document sur les voies possibles d'orientation à la faculté
de Toulouse que l'œnologie est devenue une évidence. « Je n'ai pas
d'explication : ce fut comme une révélation. Deux années de rêve et
l'obtention du diplôme d'œnologue. Peu de moyens à la faculté mais une
grande ouverture d'esprit. La chance de Toulouse est de ne pas être écrasé
par un vignoble de proximité, avec ses enjeux politiques et ses lourdeurs.
N'étant pas formatés, les étudiants voyagent dans les vignobles pour goûter
et découvrir. C'est la clef de tout ce qui suivra. »
Réticent à l'idée de travailler pour d'autres, il crée rapidement
une première société proposant dégustations, vente de vins et formations. «
Des débuts difficiles mais, à 23 ans, on sait se faire mal », rappelle celui
qui, finalement, s'installe à Bordeaux suite à des rencontres. « Je crois à
la chance qu'on provoque », dit-il. Puis ce sera l'aventure de Primo Palatum
et la construction progressive de sa palette de vins du Grand Sud-Ouest, il
y a maintenant dix ans. « C'était pendant Vinexpo 1997, les acheteurs
étaient déchaînés. Le concept a très vite séduit. »
« Je voulais me positionner sur le haut de gamme comme Guigal,
Chapoutier ou Drouhin en Côtes-du-Rhône ou Bourgogne. Ces négociants y
parviennent alors qu'en Bordelais, un vin haut de gamme ne peut provenir que
d'une propriété. Le négoce a une image attachée aux vins génériques. Allez
vendre des vins de marque de négociant dans la restauration française ! »
s'emporte celui qui, par ailleurs, travaille aussi pour un tonnelier
bourguignon. « L'exportation m'a permis de m'en sortir. » Après un pic de
vente de 130 000 bouteilles en 2004, l'équilibre actuel est plutôt autour de
80 000. Pour muscler le domaine commercial qui n'est pas la fibre de ce
technicien de l'élevage et des assemblages, un accord est en vue avec
Ginestet, poids lourd du négoce bordelais.
A l'autre bout de la chaîne, l'homme n'envisage pas du tout
d'acquérir un vignoble : « M'investir en amont, au niveau de la culture du
raisin, m'intéresse peu », avoue-t-il. Effectivement, le créneau
professionnel de Xavier Copel est très étroit.
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