ÉBLOUISSEMENTS.
Je suis d'accord avec vous: mon métier n'est pas le
pire des jobs. Même au cœur des plus intenses marathons dégustatoires, il
arrive encore à me surprendre. Il y a quelques mois, au beau milieu de la
semaine des primeurs bordelais, je rends visite à un jeune négociant doué,
Xavier Copel. Celui-ci a créé une marque, Primo Palatum, qui a vocation de
proposer, du Languedoc jusqu'à Bordeaux, des cuvées de grande
concentration, soigneusement et richement élevées en bois neuf. Nous
goûtons des cuvées toutes plus noires et plus denses les unes que les
autres, souvent impressionnantes, parfois même un peu too much. Et
puis, arrivés aux cahors (sa région natale), éclate sans crier gare
l'éblouissante évidence du vin génial. Dieu sait, pourtant, si je
n'attendais pas grand chose de ces vins: noyé dans un océan de "Carte
noire" et autres faux durs à la la souplesse merlottante, le vrai bon
cahors se fait rare. Mais voilà une cuvée Classica au fruit très mur de
grand Cot récolté dans sa pleine maturité (on est loin des arômes de foin
coupé des malbecs pas mûrs !), à l'extraordinaire corps ample et
structuré, doté surtout d'une longueur fraîche et ambitieuse. Enorme,
surdense, excessif mais célébrant la race d'un raisin très mûr, arrive
ensuite la seconde cuvée, Mythologia, à l'énorme potentiel. 1998, 1999 et
2000 sont pour les deux cuvées du même acabit gigantesque et glorieux.
Voilà des vins qui vous réapprennent un vignoble! |