Son nom ne vous est certainement pas inconnu : il est
déjà apparu — à travers ses vins signés Primo Palatum — plusieurs fois
dans nos colonnes. Dans La RVF 422 (juin 1998), nous l’avions nommé “Héros
du millésime” et dans La RVF 424 (septembre1998), qualifié d’”électron
libre”. Dans le spécial millésime 1998 ( La RVF 432, juin 1999), ses vins
ont encore été mis à l’honneur.
Xavier Copel a eu une idée de génie : vinifier des cuvées haut de gamme
chez des vignerons avec lesquels il a, ces dernières années, tissé des
liens privilégiés. L’important, derrière le nom Primo Palatum, c’est de
découvrir des vins qui, d’une part, expriment un terroir, et qui, d’autre
part, tirent vers le haut des appellations que l’on daigne à peine ranger
dans le peloton de tête des AOC françaises — hormis quelques locomotives.
“Sur le millésime 1996, on accepte tout à fait qu’un bordeaux atteigne des
prix monstrueux, mais un cahors à plus de cent francs en primeur , c’est
tout de suite considéré comme scandaleux”, s’insurge-t-il. Les prix sont
élevés, car ces “super-cuvées” ont un coût : Xavier Copel achète une
partie des meilleurs lots du vigneron, issus des meilleurs raisins, et
l’investissement technique est considérable avec, parfois, du 200% en fût
neuf (fermentation malo-lactique et élevage) ! L’oenologue n’en démord pas
: “Ce discours dénigrant, plus je l’entends, plus je suis sûr d’être sur
la bonne voie.”
Quand Xavier raconte son aventure, c’est un flot de paroles. C’est en
feuilletant un bouquin de formation qu’il se prend de passion pour
l’oenologie. Il se lance aussitôt dans un rapport sur ... le vin de
Cahors, sa ville natale. “C’était devenu limpide”, se souvient-il. Il
étudie durant deux ans à la faculté d’oenologie de Toulouse |
et se retrouve en stage à la ferme expérimentale de
Cahors, où il prend goût aux micro vinifications et touche à différents
cépages : “On remontait au seau, on enfonçait le chapeau avec les mains
dans des cuves d’un hectolitre, on faisait les fermentations
malo-lactiques dans des bonbonnes en verre...”.
En avril 1992, il crée une société, Réveil-Papilles, donne des cours et
fait ses premiers pas dans le négoce. Primo Palatum naîtra d’un pari entre
amis. Xavier contacte un vigneron de Canon-Fronsac et un autre à Cahors.
En pleines vendanges 1996, il se lance, sans nom, sans structure, sans
étude de marché. Et élabore un cahors, un canon-fronsac, un bordeaux
rouge, un sauternes et un jurançon sec en appliquant ses exigences. 8000
bouteilles qu’il faudra commercialiser. Il crée enfin Primo Palatum, le
1er avril 1997. Et, ses bouteilles sous le bras, profite de Vinexpo pour
séduire des acheteurs étrangers...
De cinq vins en 1996, le “pirate” passe à dix étiquettes en 1997 (20 000
bouteilles) et à seize en 1998 (38 000 bouteilles). Tout cela grâce à la
vente en primeurs, sans laquelle il n’aurait jamais pu faire face. Des
négociants comme Dubecq et Europvin lui font d’emblée confiance, mais
c’est surtout à l’étranger qu’il se fait connaître, notamment chez Zachys
et Mac Arthur, aux États-Unis. À ceux qui le rangent dans la catégorie des
producteurs de crus de garage, il rétorque que son but n’est pas d’isoler
trois rangs de vignes, mais bien d’essayer, à terme, de faire du volume,
dans le même esprit : “Si seulement je pouvais en acheter plus ! ”,
s’impatiente-t-il.
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