l’amateur 

D E     B O R D E A U X   -  décembre 2001

 

Hors série Languedoc

Profession : précurseur

En France, la notion de wine-maker irrite encore, écornant terroir et tradition. Avec Primo Palatum, Xavier Copel ne s’encombre pas de tels préjugés.

Xavier Copel, Cadurcien aujourd’hui basé dans le Bordelais, est un passionné de vin. Œnologue diplômé de la faculté d'œnologie de Toulouse, il n’a eu de cesse de sillonner les vignobles et de tisser des liens étroits avec les producteurs. En 1996, il crée la marque de négoce Primo Palatum et décide de se consacrer au marché des vins haut de gamme en misant sur des appellations comme Canon-Fronsac, Graves, Priorat ou encore Sauternes. Sa démarche se rapproche de celle de Dominique Laurent et Michel Tardieu, en Corbières. En effet, Xavier Copel ne collabore essentiellement qu’avec des vignerons déjà respectueux du vignoble et très engagés sur la voie de la qualité. Avec eux, il investit dans des essais sur des moûts ou des vins déjà naturellement riches. Il leur apporte aussi son audace, voire sa fougue. Sans oublier son sens de l’élevage.
Ses choix personnels sont motivés par l’admiration qu’il porte aux terroirs remarquables qu’il découvre régulièrement. Le dernier en date ? Le Château Sainte-Eulalie, en Minervois La Livinière. “Un lieu exceptionnel, l’un des cinq grands terroirs du Languedoc”. Pour autant, la vision qu’a Xavier Copel du vignoble est complète et ne se limite pas seulement à quelques partenariats. Même si la cuvée Romain Pauc, du château La Voulte-Gasparets, et le Terroir Mailloles, du domaine Sarda-Malet, restent ses “deux modèles”, il apprécie l’effort collectif des appellations et de certaines caves coopératives qui jouent, selon lui, un rôle moteur.
“Les Vignerons du Sieur d’Arques produisent des vins de haut niveau. Et les superbes cuvées en blanc des Vignerons de Terrats... Quels beaux exemples pour la région !”

Marc Miannay

 

Les 50 000 bouteilles étiquetées Primo Palatum couvrent donc plusieurs appellations. Elles sont issues de lots suivis et élevés aux domaines. Xavier Copel apporte sa touche personnelle : “ L’idée générale, c’est de prendre des risques. Chose que les viticulteurs ne peuvent pas faire avec leurs meilleurs lots. J’achète très chers ces derniers. J’en fais des vins de plaisir, ceux que j’ai envie de boire à table. A Limoux, on a élevé pour la première fois des chardonnays en barrique pendant dix-neuf mois, car l’équilibre sucre-acidité était là. Il fallait utiliser au mieux ce lot formidable. Comme un grand bourgogne blanc.”
Le Minervois La Livinière est un assemblage de syrah, grenache et carignan. Les trois cépages fermentent ensemble, puis sont élevés sous bois neuf. Cette cuvée figure probablement la plus belle typicité de l’appellation. Le Vin de Pays d’Oc provient d’un assemblage des deux cabernets (franc et sauvignon), produits sur les marnes de Gardie. Cette cuvée, élevée comme un “grand vin”, réalise sa fermentation malo-lactique et subit un élevage en barriques neuves. Le Côtes du Roussillon résulte d’un assemblage bien équilibré des cépages syrah et mourvèdre. Depuis 1998, les vins du Languedoc intéressent particulièrement Xavier Copel, tant pour leurs conditions climatiques exceptionnelles que pour la possibilité d’y élever des vins représentatifs de leur terroir. Inspiré par ses passages au Domaine de Chevalier et au Château de Fieuzal, il cherche des typicités à l’opposé de celles des vins technologiques. La recherche de l’expression des cépages autochtones

l’oblige à ne pas tomber dans l’excès : “ Trop de vins sont travaillés en vue d’une recherche de puissance, au détriment du fruit. Le piège, c’est l’extraction à outrance et la baisse des rendements à l’extrême. Si l’on extrait trop, l’on extrait du végétal”. Côté élevage, Xavier Copel pousse l’exigence jusqu’à choisir lui-même ses propres douelles. “Toujours des grains fins plutôt que l’origine, même si je recherche le chêne de l’Allier”. Les bois sèchent un minimum de trente-six mois. Chaque cuvée sélectionnée dispose de la même qualité de bois. Mais la soif de grand vin de Xavier Copel ne se limite pas aux seuls vins secs. Cet amoureux de Porto élabore 900 bouteilles de Rivesaltes Vintage délicieux, pur grenache, élevé sous bois neuf. Cette cuvée est un pied de nez aux pratiques portugaises : “il est difficile de faire de tels essais avec le porto. Bien que les textes ne le réfutent pas formellement, on refuse régulièrement l’agrément aux portos élevés sous bois neuf et très jeunes”. Commercialisé en France par quelques cavistes, Europvin et Dubecq, c’est à l’export que Primo Palatum a le plus de succès. Marché moins sélectif, contrairement à l’Hexagone. Confronté aux exigence de l’export, Xavier Copel estime cependant nécessaire de hiérarchiser les appellations. Mais l’information, notamment sur les contre étiquettes, lui tient à cœur. “Certes, tous les acheteurs ne sont pas masters of wine pour s’y retrouver dans les appellations. Classifier peut complexifier. Mais ne pas le faire, c’est détourner certains vignobles de la qualité. Il faut aller très vite, la France perd actuellement des marchés à l’export. Y compris le Languedoc !”

 

 

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