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Profession : précurseur
En France, la notion de wine-maker irrite encore, écornant terroir et tradition. Avec Primo Palatum, Xavier Copel ne s’encombre pas de tels préjugés.
Xavier Copel, Cadurcien aujourd’hui basé dans le
Bordelais, est un passionné de vin. Œnologue diplômé de la faculté
d'œnologie de Toulouse, il n’a eu de cesse de sillonner les vignobles et
de tisser des liens étroits avec les producteurs. En 1996, il crée la
marque de négoce Primo Palatum et décide de se consacrer au marché des
vins haut de gamme en misant sur des appellations comme Canon-Fronsac,
Graves, Priorat ou encore Sauternes. Sa démarche se rapproche de celle de
Dominique Laurent et Michel Tardieu, en Corbières. En effet, Xavier Copel
ne collabore essentiellement qu’avec des vignerons déjà respectueux du
vignoble et très engagés sur la voie de la qualité. Avec eux, il investit
dans des essais sur des moûts ou des vins déjà naturellement riches. Il
leur apporte aussi son audace, voire sa fougue. Sans oublier son sens de
l’élevage. |
Marc Miannay
Les 50 000
bouteilles étiquetées Primo Palatum couvrent donc plusieurs appellations.
Elles sont issues de lots suivis et élevés aux domaines. Xavier Copel
apporte sa touche personnelle : “ L’idée générale, c’est de prendre des
risques. Chose que les viticulteurs ne peuvent pas faire avec leurs
meilleurs lots. J’achète très chers ces derniers. J’en fais des vins de
plaisir, ceux que j’ai envie de boire à table. A Limoux, on a élevé pour
la première fois des chardonnays en barrique pendant dix-neuf mois, car
l’équilibre sucre-acidité était là. Il fallait utiliser au mieux ce lot
formidable. Comme un grand bourgogne blanc.” |
l’oblige à ne pas tomber dans l’excès : “ Trop de vins sont travaillés en vue d’une recherche de puissance, au détriment du fruit. Le piège, c’est l’extraction à outrance et la baisse des rendements à l’extrême. Si l’on extrait trop, l’on extrait du végétal”. Côté élevage, Xavier Copel pousse l’exigence jusqu’à choisir lui-même ses propres douelles. “Toujours des grains fins plutôt que l’origine, même si je recherche le chêne de l’Allier”. Les bois sèchent un minimum de trente-six mois. Chaque cuvée sélectionnée dispose de la même qualité de bois. Mais la soif de grand vin de Xavier Copel ne se limite pas aux seuls vins secs. Cet amoureux de Porto élabore 900 bouteilles de Rivesaltes Vintage délicieux, pur grenache, élevé sous bois neuf. Cette cuvée est un pied de nez aux pratiques portugaises : “il est difficile de faire de tels essais avec le porto. Bien que les textes ne le réfutent pas formellement, on refuse régulièrement l’agrément aux portos élevés sous bois neuf et très jeunes”. Commercialisé en France par quelques cavistes, Europvin et Dubecq, c’est à l’export que Primo Palatum a le plus de succès. Marché moins sélectif, contrairement à l’Hexagone. Confronté aux exigence de l’export, Xavier Copel estime cependant nécessaire de hiérarchiser les appellations. Mais l’information, notamment sur les contre étiquettes, lui tient à cœur. “Certes, tous les acheteurs ne sont pas masters of wine pour s’y retrouver dans les appellations. Classifier peut complexifier. Mais ne pas le faire, c’est détourner certains vignobles de la qualité. Il faut aller très vite, la France perd actuellement des marchés à l’export. Y compris le Languedoc !”
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